In one of the weird twists of Canadian language battles, the Globe and Mail reported that French-speaking residents of Eastern Ontario are upset at the government of Québec sending them flyers about snowmobile trails... in English.
The reason, says La Belle Province, is that Ontario is part of English Canada. As it happens, however, a substantial proportion of the population there has French as a first language. In fact, the area is a bastion of French-language rights. It's also been a hotbed of protest and backlash: just a few years ago in Clarence-Rockland, where 68 per cent of the population is francophone, the issue of mandatory bilingual signage brought things to a boil in 2005.
The president of the main Franco-Ontarian lobby group seemed incredulous that the Québec government wouldn't want to maintain ties with francophones minorities elsewhere. However, most of us who have lived through the language wars and politics in Canada know exactly why it wouldn't.
Québec separatists prefer to pretend there are no French-speaking people outside their borders, to justify whatever they do to their own English-language minority. There's one exception: when it suits the Bloc québécois to justify the province's language laws by pointing to Canadian failings in the matter of providing French-language services elsewhere in the country. Whenever this happens, you'd think the separatists are our very own knights in shining armour. The rest of the time, the BQ follows the lead of Parti québécois founder René Lévesque, who called us "dead ducks", and author Yves Beauchemin, to whom we are "a corpse that is still warm". In other words: we're an embarrassing obstacle to the PQ objective of a purely French Québec that might just have to respect its English-language minority as much as the rest of Canada should respect us. We're inconvenient that way.
Even more disheartening was to read the majority of comments on the Globe website following the article. Apparently anyone expressing a desire to receive information in French is a "whiner". This is exactly the type of attitude that fuels separatism in Québec and unravels our distinctive bilingual heritage in Canada.
Meanwhile, according to the same article, it seems Canadian Tire and Loblaws are better at serving people in the language they're more likely to use. Too bad they don't arrange snowmobiling tours. It looks like Québec will see a few fewer Ontarians on their trails this year.
mercredi 9 décembre 2009
dimanche 6 décembre 2009
L'intersection de la "minoritude" et du féminisme
J'ai beaucoup écrit sur l'état de minorité, comparant la situation canadienne-française à celle des Noirs au Canada, par exemple. Cependant, je suis également féministe radicale, et je vois plusieurs parallèles entre les droits des minorités d'une part, francophones ou autres, et les droits de la femme, de l'autre.
C'est un sujet qui me préoccupe justement parce que mon père m'a élevée à me battre pour mes droits. Lui, il pensait aux droits francophones. Moi, j'ai vu que lorsqu'on parle des droits de la personne, des acquis, de ce qu'il faut respecter, et qu'on dit qu'il faut se battre pour ça, les questions entourant les inégalités de la condition féminine entraient forcément en jeu.
Je suis hors de la norme, de ce côté: non parce que la plupart des femmes francophones ignorent les enjeux de la gent féminine, mais plutôt parce qu'enfant, on m'a étiquettée "surdouée". J'étais, donc, minorité de minorité: surdouée (dans le deux pour cent le plus élevé de la population générale, des deux sexes ensemble, si on se sert de la mesure du Q.I.), femme, et francophone. J'ai donc subit toutes les ignominies des enfants différents des autres: je préférais les livres aux ébats sportifs, je voulais être seule plutôt que de me faire tourmenter et frapper par mes pairs dans la cour d'école. Ajoutons à cela que je faisais de l'embonpoint à huit ans, et que je portais des lunettes: mon isolement social était bien complet.
C'est donc sans ambages que j'ai relevé la lutte pour mes droits en tant que femme, autant que mes droits francophones, une fois arrivée à l'âge adulte. J'étais alors très habituée à me faire marginaliser. Qu'était-ce donc un obstacle de plus? Ajoutons à cela que dès l'âge de 16 ans, j'était devenue cygne après avoir été vilain canard. J'étais jolie! J'avais perdu mon poids d'enfant et j'étais intelligence et vivace, donc intéressante. Les hommes me regardaient, me donnaient de l'importance. Je ne me rendais pas toujours compte du fait que c'était pour me courtiser (façon bien polie de décrire leurs intentions, assurément). Je croyais réellement me faire prendre au sérieux. Je n'avais jamais gagné l'habitude du badinage et je ne comprenais pas la coutume. Ainsi, j'acquis toute une idée de mon importance et de mon efficacité personnelle. Bref: j'étais Dieue! Les gens me croyaient magnifique! Je devais donc l'être...
Après tout, j'étais manifestement une surdouée, et je poursuivais mon éducation avec beaucoup de succès, de bourses et d'admiration de la part de mes professeurs. L'avenir devait donc s'ouvrir devant moi comme le Ciel.
Erreur. Tout comme les minorités ethniques Noire et Hispanique aux États-Unis, les femmes partout dans le monde, y compris ici, rencontrent de multiples obstacles à leurs ambitions. Il existe maintes études pour démontrer cette tendance générale (dans le cas des personnes noires, voir http://www.nytimes.com/2009/12/01/us/01race.html?scp=7&sq=blacks&st=Search, en anglais malheureusement). Dans le cas des femmes, tel que démontré et analysé par Virginia Valian, les obstacles sont, la plupart du temps, subtils, encadrés par les schémas de sexe antiqués que la majorité de la population garde avec elle sans en être consciente (voir Virginia Valian, Why So Slow, 1999, pour une étude très étendue et détaillée de la situation). Ces schémas du comportement sexuel affectent aussi les hommes homosexuels, qui se trouvent lésés et défavorisés par l'association avec les comportements "féminins", au point où on pourrait carrément dire que les homosexuels souffrent du sexisme autant que les femmes.
Bref, mes multiples expériences m'ont beaucoup conscientisée. Je suis aussi consciente de la dépréciation du féminin que de la dépréciation de l'héritage francophone au Canada. Car les deux viennent de la même source: le privilège de la majorité, qui ne voit pas pourquoi les choses devraient changer.
C'est un sujet qui me préoccupe justement parce que mon père m'a élevée à me battre pour mes droits. Lui, il pensait aux droits francophones. Moi, j'ai vu que lorsqu'on parle des droits de la personne, des acquis, de ce qu'il faut respecter, et qu'on dit qu'il faut se battre pour ça, les questions entourant les inégalités de la condition féminine entraient forcément en jeu.
Je suis hors de la norme, de ce côté: non parce que la plupart des femmes francophones ignorent les enjeux de la gent féminine, mais plutôt parce qu'enfant, on m'a étiquettée "surdouée". J'étais, donc, minorité de minorité: surdouée (dans le deux pour cent le plus élevé de la population générale, des deux sexes ensemble, si on se sert de la mesure du Q.I.), femme, et francophone. J'ai donc subit toutes les ignominies des enfants différents des autres: je préférais les livres aux ébats sportifs, je voulais être seule plutôt que de me faire tourmenter et frapper par mes pairs dans la cour d'école. Ajoutons à cela que je faisais de l'embonpoint à huit ans, et que je portais des lunettes: mon isolement social était bien complet.
C'est donc sans ambages que j'ai relevé la lutte pour mes droits en tant que femme, autant que mes droits francophones, une fois arrivée à l'âge adulte. J'étais alors très habituée à me faire marginaliser. Qu'était-ce donc un obstacle de plus? Ajoutons à cela que dès l'âge de 16 ans, j'était devenue cygne après avoir été vilain canard. J'étais jolie! J'avais perdu mon poids d'enfant et j'étais intelligence et vivace, donc intéressante. Les hommes me regardaient, me donnaient de l'importance. Je ne me rendais pas toujours compte du fait que c'était pour me courtiser (façon bien polie de décrire leurs intentions, assurément). Je croyais réellement me faire prendre au sérieux. Je n'avais jamais gagné l'habitude du badinage et je ne comprenais pas la coutume. Ainsi, j'acquis toute une idée de mon importance et de mon efficacité personnelle. Bref: j'étais Dieue! Les gens me croyaient magnifique! Je devais donc l'être...
Après tout, j'étais manifestement une surdouée, et je poursuivais mon éducation avec beaucoup de succès, de bourses et d'admiration de la part de mes professeurs. L'avenir devait donc s'ouvrir devant moi comme le Ciel.
Erreur. Tout comme les minorités ethniques Noire et Hispanique aux États-Unis, les femmes partout dans le monde, y compris ici, rencontrent de multiples obstacles à leurs ambitions. Il existe maintes études pour démontrer cette tendance générale (dans le cas des personnes noires, voir http://www.nytimes.com/2009/12/01/us/01race.html?scp=7&sq=blacks&st=Search, en anglais malheureusement). Dans le cas des femmes, tel que démontré et analysé par Virginia Valian, les obstacles sont, la plupart du temps, subtils, encadrés par les schémas de sexe antiqués que la majorité de la population garde avec elle sans en être consciente (voir Virginia Valian, Why So Slow, 1999, pour une étude très étendue et détaillée de la situation). Ces schémas du comportement sexuel affectent aussi les hommes homosexuels, qui se trouvent lésés et défavorisés par l'association avec les comportements "féminins", au point où on pourrait carrément dire que les homosexuels souffrent du sexisme autant que les femmes.
Bref, mes multiples expériences m'ont beaucoup conscientisée. Je suis aussi consciente de la dépréciation du féminin que de la dépréciation de l'héritage francophone au Canada. Car les deux viennent de la même source: le privilège de la majorité, qui ne voit pas pourquoi les choses devraient changer.
mercredi 22 juillet 2009
History isn't just a long time ago
These days, I'm reading about the battle of the African-Canadian community against segregation in Canadian schools circa 1850. It's a history very few people know, because we've spent so much time in Canada focusing on how heroic we were in welcoming slaves to freedom through the Underground Railroad. However, once the fugitives got here, their new home was far from a promised land. Black children were systematically excluded from common schools on pretexts ranging from the idea that they were "morally inferior" to the belief that people of African descent were "rude and uncouth" and would set a "bad example" for white children. The book in which I learned this is A History of Immigration and Racism in Canada, by Barrington Walker (Canadian Scholars' Press, 2008).
Yes, this happened here in Canada. Sure, it happened 150 years ago. But history is more than just "once upon a time". It leaves a lot behind. It creates who we are today.
The reason I mention this in a blog about bilingualism is because it reminds me so much of the battle we went through as Francophones to get our own schools. In a way, our struggle is opposite to that of African-Canadians, because while the majority historically opposed segregation, which was a deliberately exclusionary policy, our own community has needed French-language schools outside the English-language system. However, what makes both experiences very similar is the quest for access to quality education - and the devastation that a lack of such access wreaks upon communities.
Throughout the Francophone population outside Quebec, there are very high levels of functional illiteracy. In Ontario, it's 40 per cent. Here in Prince Edward Island, the average person reads at a Grade six level only. Even in New Brunswick, the most bilingual province in Canada, half the francophone population fails to complete high school, compared to 40 per cent of Anglophones.
I remember my mother mentioning that my nanny, the woman who cared for me as an infant while mommy went to work, couldn't read or write. She discovered this when the nanny in question told her she'd gotten a phone call, and when my mother asked her why she couldn't just take a message, admitted she was unable to do this.
My mother was shocked. It turns out she was the exception to the rule. She was from a more privileged background, having attended a French Catholic convent school in Ottawa, the only way to get an education in French in Ontario before 1968. My father, on the other hand, attended the English-language Timmins High School - his only choice in order to get any education at all. He was the only one of three Francophones to graduate from Grade 12. All the others were weeded out, as somehow not good enough. Were they really? Or did their French last name, perhaps their accent, lead to automatic assumptions that they wouldn't cut it in an English school?
My father was keenly aware of his lonely status, and his situation and observations were a large part of why he battled for funding for French schools.
To this day, however, the lack of access to education, no doubt including the systematic exclusion of French children from English schools for generations, has contributed to the struggles of the French-language population in Canada outside Québec. High levels of illiteracy affect more than one generation, since parents who don't or can't read, won't read to their children - and it's been proven that this makes a difference in a child's development.
In the Maritimes, the French-language population is at a marked socio-economic disadvantage, especially here on the Island, where only one French school still remained at the end of the 1970s and it took several battles to establish more, starting in 1997.
It all makes a difference. Whatever happened a long time ago, still affects us today.
Libellés :
history and politics of language and culture
mardi 21 juillet 2009
Bataille à Rustico : les milieux « bilingues », l’identité culturelle et l’estime de soi
Il n’y a pas longtemps, un débat rageait à l’Île-du-Prince-Édouard au sujet de la construction d’un centre scolaire-communautaire à Rustico. L’école avait été promise il y a plusieurs années et le modèle du centre scolaire-communautaire a déjà été mis en oeuvre, avec grand succès, ailleurs dans la province : Charlottetown, Summerside, Tignish.
Cependant, la province avait fait volte-face et insisté que les francophones de Rustico devaient se contenter d’une école seulement, et non d’un centre complet. Puis, le Club des lions de Rustico, dont les locaux logent les classes francophones actuelles, s'est opposé à la construction d'une nouvelle école. Le Club voyait d’un mauvais oeil s’envoler les milliers de dollars en loyer par mois qu’il recevait du Conseil scolaire et ne voulait pas de concurrence d’un centre communautaire francophone. Par conséquent, il a lancé une campagne contre la construction d’une nouvelle école française, déclarant qu’il fallait la garder où elle était.
La campagne n’a pas porté fruit, malgré l’appui de la population, car la communauté francophone a droit à une école selon la constitution canadienne. Cependant, l’opinion populaire a encouragé la province dans son refus de financer un centre à usage multiple et la question risque de se trouver devant les tribunaux. C’est ce qui est arrivé à Summerside, Charlottetown et Tignish, et aujourd’hui, ces centres scolaires-communautaires sont très appréciés de leurs communautés.
Le tollé à Rustico, malheureusement, a aussi fait ressortir les extrémistes qui croient que les francophones devraient se contenter d’écoles bilingues, là où on offre quelques cours en français. Pourquoi toute une école, rechignent-ils, lorsque cela coûte si cher?
Le pourquoi a été démontré à maintes reprises : lorsqu’une école est « bilingue », cela encourage la perte du français. En côtoyant leurs homologues anglophones, les élèves de langue maternelle française ont vite matière à s’insécuriser, à manquer d’occasions d’utiliser et donc de renforcer et d’améliorer leur français, et à hésiter à s’en servir ou s’y identifier. Les cours disponibles dans leur langue risquent d’être une arrière-pensée plutôt qu’une priorité.
Dans une école bilingue, les jeunes francophones risquent davantage d’être exposés à une image négative d’eux et de leur culture, qui est «autre» et donc, importe moins. Tandis que les francophones s’efforcent de plaire et de s’intégrer, les anglophones sont déjà le modèle par défaut, et apprennent rarement le français. Leur situation majoritaire étant « normale », c’est le fait francophone qui paraît étrange, bizarre, pas cool...
Selon ce que j’ai moi-même observé, le phénomène de l’insécurisation identitaire et culturelle est directement proportionnel au degré de « minorisation » des élèves francophones. Moins il y en a, plus il paraît difficile pour eux de s’affirmer et de se valoriser. Et plus ils paraissent manquer de confiance, de se trouver moins bons, moins beaux, moins brillants.
Pourquoi en parler maintenant, alors que la nouvelle date déjà de quelques mois? Fait peut-être curieux, cette réflexion m’est venue en lisant quelques articles sur les écoles « afrocentriques » à Toronto, forteresse du multiculturalisme canadien. Je n’ai pu m’empêcher de songer au parallèle entre ces écoles et les nôtres, en milieu minoritaire. La raison des revendications des parents afrotorontois est la même que la nôtre: ils se sont aperçus que leurs enfants perdaient leur estime de soi là où il manquait d'images positives de leur culture et de leur identité. C'est une leçon qu'il ne faut pas prendre à la légère.
Cependant, l'idée d'une école afrocentrique ne fait pas l'unanimité au sein de la communauté afrotorontoise. Une des inquiétudes des parents qui s'opposent à y envoyer leurs enfants est l'assurance de la qualité. Malheureusement, il est vrai que les plus petites écoles ont souvent moins de ressources. Il est également vrai que si un programme ou un genre d'école est traité comme une arrière-pensée plutôt qu'une priorité, il manquera de ressources. Je me souviens de ma propre école secondaire, des brûleurs Bunsen brisés, du manque d'ordinateurs à jour, du manque de piscine ou d'installations pour l'apprentissage des métiers, et j'en passe... C'était, à l'époque, la seule école secondaire francophone de Toronto. Je me souviens avoir souhaité plusieurs fois être transférée à une meilleure école avec davantage de ressources, soit une école anglophone, soit l'école des arts à Ottawa. Mais la réponse n'est pas de déserter les institutions que nous pouvons créer. La réponse est de ramasser ces brûleurs brisés, ces appareils antiques, et les brandir en manifestant contre le sous-financement.
Les parents afrocanadiens ont dû lutter contre les mauvaises conditions dans les écoles leur étant allouées dans le sud ontarien des années 1850s. Sur ce, le mythe de l'antiracisme canadiens est mis à nu dans le traité The History of Immigration and Racism in Canada, de Barrington Walker (Canadian Scholars' Press, 2008, Université du Michigan).
Sans doute, plusieurs parents afrotorontois craignent que l'Histoire ne se répète. On peut comprendre leurs inquiétudes, et même les partager. Pourtant, de nos jours, cela ne pourrait être passé sous silence.
Libellés :
langue et politique,
politique linguistique
samedi 18 juillet 2009
Le "debate" autour d'Acadieman, man
La semaine dernière j'ai visionné des clips d'Acadieman, le first Superhéro de l'Acadie, création de Dano LeBlanc. J'ai ri, j'ai consulté le lexique, j'ai lu les diaries et j'ai fait comme les amis qui me l'ont signalé: j'ai envoyé le lien à toutes les personnes que je connaissais qui risquaient de ne pas en être au courant.
Je comprends parfaitement pourquoi Acadieman a touché tant de gens. C'est plus qu'une simple question de parodie du genre, ou que d'avoir un superhéros qui vit encore chez sa mère. C'est la langue qui allume et... qui fait jaser encore plus.
Le chiac en Acadie a beau soulever le dégoût d'une certaine classe de personnes et les porter au désespoir, c'est une façon de parler ancrée dans le milieu et que non seulement les gens comprennent, mais dans laquelle ils se reconnaissent avec plaisir et affection.
Une langue est faite pour évoluer. Si ce n'était pas de cet enseignant romain du début de l'ère chrétienne qui, frustré, a dressé une liste signalant qu'il faut dire ceci (le latin correct) plutôt que cela (le latin populaire), nous n'aurions pas une aussi bonne idée des origines exactes du français ancien ou moderne. Si les "fautes" en question n'avaient jamais été commises, nous n'aurions pas de français du tout. On dirait que trop peu de gens le savent, ou en acceptent ce qui en découle. Le français est le "chiac" du 5e siècle de l'ère moderne.
Si l'inquiétude est de voir s'envoler la langue universelle au profit de régionalismes qui limitent la compréhension dans des situations d'apprentissage, voilà un argument que je serais prête à comprendre bien davantage que celui qui dit qu'une langue doit rester figée dans la glace et n'admettre aucune couleur, aucune nuance, aucune influence extérieure. La pureté mène à la mort ou la faiblesse: les pur-sang sont toujours les plus malades et les créatures à sang mixte, les plus robustes.
Je comprends parfaitement pourquoi Acadieman a touché tant de gens. C'est plus qu'une simple question de parodie du genre, ou que d'avoir un superhéros qui vit encore chez sa mère. C'est la langue qui allume et... qui fait jaser encore plus.
Le chiac en Acadie a beau soulever le dégoût d'une certaine classe de personnes et les porter au désespoir, c'est une façon de parler ancrée dans le milieu et que non seulement les gens comprennent, mais dans laquelle ils se reconnaissent avec plaisir et affection.
Une langue est faite pour évoluer. Si ce n'était pas de cet enseignant romain du début de l'ère chrétienne qui, frustré, a dressé une liste signalant qu'il faut dire ceci (le latin correct) plutôt que cela (le latin populaire), nous n'aurions pas une aussi bonne idée des origines exactes du français ancien ou moderne. Si les "fautes" en question n'avaient jamais été commises, nous n'aurions pas de français du tout. On dirait que trop peu de gens le savent, ou en acceptent ce qui en découle. Le français est le "chiac" du 5e siècle de l'ère moderne.
Si l'inquiétude est de voir s'envoler la langue universelle au profit de régionalismes qui limitent la compréhension dans des situations d'apprentissage, voilà un argument que je serais prête à comprendre bien davantage que celui qui dit qu'une langue doit rester figée dans la glace et n'admettre aucune couleur, aucune nuance, aucune influence extérieure. La pureté mène à la mort ou la faiblesse: les pur-sang sont toujours les plus malades et les créatures à sang mixte, les plus robustes.
Ceci dit, il est clair qu'une langue reste plus universelle lorsqu'elle est plus rapprochée de son état d'origine. Le latin classique est resté lingua franca pendant des siècles justement parce que le français, l'italien, l'espagnol et le roumain étaient devenues des langues dont les adeptes ne pouvaient plus se comprendre entre eux. Aujourd'hui, on peut dire de même du français "correct", qui devrait plutôt être qualifié de français universel. Le chiac est incompréhensible aux Haïtiens et aux Sénégalais... à peu près au même titre que l'argot parisien.
Je me suis même aperçue que, Franco-ontarienne, je ne parlais pas la même langue que les Acadiens insulaires. Je me suis souvent demandée pourquoi la directrice du journal ne reconnaissait pas des mots que j'estimais élémentaires, tels que le mot "coque", tout en connaissant son équivalent anglais, "hull". C'est parce que dans certains cas, le vocabulaire hybride a bel et bien remplacé le vocabulaire français. La langue parlée n'est pas tout à fait la langue écrite, qui évolue plus lentement sauf sur Internet.
Cependant, même l'argument concernant l'apprentissage mérite d'être analysé davantage. Je soupçonne, personnellement, que tout désavantage pouvant découler des régionalismes est exactement le même que celui pouvant découler soit de l'assimilation, soit du manque d'apprentissage au complet. Autrement dit: les gens qui parlent une variation régionale du français et qui pourraient éprouver des difficultés à étudier ailleurs en français québécois ou universel sont probablement les mêmes qui auraient été assimilés complètement s'ils ne parlaient pas le français selon leur habitude, ou qui auraient éprouvé des difficultés à étudier en général.
Le cas échéant, ce qu'il faut, ce n'est pas de modifier la façon de parler des gens, mais plutôt d'ajouter à leur compréhension et d'encourager les gens à toujours ajouter à leur vocabulaire. Ça, c'est une bonne habitude dans toutes les langues. Y compris le chiac... Autrement, il faudra, dans certains cas, encourager le trilinguisme: donc, en plus du français régional, enseigner le français universel comme on enseignait jadis le latin.
Cependant, même l'argument concernant l'apprentissage mérite d'être analysé davantage. Je soupçonne, personnellement, que tout désavantage pouvant découler des régionalismes est exactement le même que celui pouvant découler soit de l'assimilation, soit du manque d'apprentissage au complet. Autrement dit: les gens qui parlent une variation régionale du français et qui pourraient éprouver des difficultés à étudier ailleurs en français québécois ou universel sont probablement les mêmes qui auraient été assimilés complètement s'ils ne parlaient pas le français selon leur habitude, ou qui auraient éprouvé des difficultés à étudier en général.
Le cas échéant, ce qu'il faut, ce n'est pas de modifier la façon de parler des gens, mais plutôt d'ajouter à leur compréhension et d'encourager les gens à toujours ajouter à leur vocabulaire. Ça, c'est une bonne habitude dans toutes les langues. Y compris le chiac... Autrement, il faudra, dans certains cas, encourager le trilinguisme: donc, en plus du français régional, enseigner le français universel comme on enseignait jadis le latin.
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mercredi 17 juin 2009
The culture part of bilingualism and biculturalism
On June 16 and 17, our corner of Prince Edward Island is host to a hit Québec television series called La petite séduction, which features different small villages doing everything they can to "seduce" a Québec celebrity. Ours is Marina Orsini, who has starred in some of the biggest hits on Québec television, like Lance et compte (He shoots, he scores) and Les Filles de Caleb. Those shows had ratings averaging millions of viewers, in a province with only seven million people. Not that any of this means anything to most English-language people in Canada - hence, the subject of this blog entry.
Culture includes a lot of things, and in Québec, many of those are indeed distinct from their anglophone counterparts. The civil code is one, since Québec laws governing private relationships are inspired by a number of examples, such as the Napoleonic Code, while the rest of Québec law is the same as elsewhere in Canada, based on common law. The differences spawned by the Québec Civil Code are far reaching, affecting everything from land issues to separation agreements and inheritance.
Culture is also the arts, and many Québec performers are better-known in France than they are just a few hours' drive away in Toronto. A perfect example is Luc Plamondon, lyricist for the monster hit musical Notre-Dame de Paris, which grossed the highest box office results of all time, anywhere in the world, in any language, in a single run. When the musical was taken to Las Vegas, it bombed. Many theorized this was because the company used the same lead singers and made them sing in English, while the production would have attracted more people and money using established English-speaking stars.
Other examples of this "dialogue of the deaf" abound. Other Québec television hits, aside from the ones starring Marina Orsini, routinely draw millions of viewers. This is a result which would make the English CBC deliriously happy. Instead, English-Canadian viewers watch American shows, or Canadian shows that could easily be American. Québec viewers also watch American programming and little in the way of English-language Canadian production. I suspect few, if any, Québécois would even know what Corner Gas is, or what it's about.
In music, things are slightly different. English-Canadian artists play on Québec radio as much as they do in the rest of Canada. That's just it: they play in the rest of Canada, unlike English-Canadian films, which do not enjoy the same protection as that granted under the provisions of the CRTC. Unfortunately, the situation is not reciprocal. I've never met an Anglo-Canadian who knows who in the world is Bruno Pelletier, one of the stars of Notre-Dame de Paris; and the list goes on. Since music is without borders, and you don't have to understand what the singer is saying to enjoy the music, I believe this can and should change. The CRTC regulations are in place and grandfathered under existing trade agreements: please, let's use them to make the two solitudes a little less isolated from each other.
photos of Marina Orsini:
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language and culture,
two solitudes
mardi 9 juin 2009
Doit-on accommoder les parents anglophones dans une école française?
C’est la saison des finissants, et donc, de la remise des diplômes et des discours de fin d’année. Ici à l’Île-du-Prince-Édouard, une des écoles françaises a fait face à une requête pour le moins insolite : de présenter la cérémonie de remise des diplômes en anglais autant qu’en français. La raison : quelques étudiants sont d’origine anglophone, et leurs parents ne parlent pas français. Il s’agit de l’école François-Buote, à Charlottetown.
La réaction de la Commission scolaire de langue française de l’Île-du-Prince-Édouard n’a pas été immédiate. Elle a voulu consulter ses règlements. À la fin, elle a consenti à un maximum de 20 pour cent d’anglais lors de la cérémonie, car une telle mesure était déjà prévue dans le cas d’autres présentations publiques à l’école.
La réaction de certains dans la communauté a été moins obligeante : une lettre à la rédaction rappelait tant aux étudiants qu’aux parents qu’il s’agissait d’une école française, que les élèves y avaient été envoyés pour parler le français, et que la raison d’être d’une école française est bel et bien de vivre en français, pour justement ne pas être bilingue, puisque cela s’est avéré la voie vers l’assimilation dans le passé.
Ceci étant dit, la situation des francophones en milieu minoritaire au Canada est toujours délicate. Elle l’est encore plus lorsque la minorité est très peu nombreuse. C’est bien le cas ici, à l’Île, où les francophones représentent 4,3% de la population totale (5 722 selon le recensement de 1996) et environ 12 000 personnes se disent bilingues, sur une population de 132 860. Les mariages mixtes entre francophones et anglophones sont la norme, et les apports additionnels que représentent les enfants anglophones dans les écoles françaises ne sont pas de refus, dans un contexte où une 12e année peut se composer dans certains cas d’un seul finissant, ou de deux ou trois élèves. C’est pourquoi on peut comprendre à quel point le conseil scolaire cherchait un compromis qui lui permettrait quand même de sauver la face.
mardi 26 mai 2009
Je n'arrive pas à traduire mon sens de l'humour
Ayant déjà publié un roman ainsi que des douzaines de chroniques satiriques en français, je sais que je suis bien capable d'être drôle. Pourtant, sitôt que je tente de traduire les mêmes idées et sentiments en anglais, ça ne marche absolument pas. Si je cherche à être drôle en anglais, il faut que l'idée soit pondue dans la langue de Shakespeare. Tout ça est un peu frustrant, parce que c'est souvent plus onéreux d'écrire à neuf que de tout simplement traduire.
Cependant, qualité oblige.
mardi 19 mai 2009
Lost in a simultaneous translation
I've worked as a translator before, but never as an interpreter. When something is written down it's easy to look it up. You can't do that during a conference and it's especially challenging when you provide interpretation for specialized topics like agriculture.
However, as a reporter I often need to translate my notes into French. About a year ago I had to do the opposite, as I was covering around eight council meetings, all of them in French, for an English-language paper. The process of translating notes can become tedious. Trying to write things down in a different language than you're hearing it is tough. A lot depends on whether you want quotes and how much detail you need. If you can just jot down the gist of something it's doable. Otherwise no.
So the other day, when I attended a conference on Women in business, I took a headset. Most common sessions were in English with simultaneous translation. I thought it would make my note-taking easier. In theory it should have. However, being the curious person I am, I wanted to hear the English original. I soon discovered it is next to impossible to listen to two streams of words at once. One problem with any translation is how hard it is to accurately convey something catchy or hip in a different language. Usually, you need to think about it - which means interpreters will give you the literal or working meaning of what was said, but don't have time to convey how effective it might sound in the original. This happened several times at the conference. The speakers were savvy and expressed themselves with enthusiasm and pithiness. The interpreter conveyed what was said but not how well it was delivered. That takes more time and thought. As a result, half the time I turned down the headset volume and just wrote down the English. In some cases, I was able to jot down the ideas and points in French myself.
As a result of my test, I've concluded that simultaneous translation isn't as effective as I anticipated in helping me with note-taking in the language I'll be writing in. But that's because I need to get used to someone else doing the job that I've had to do for such a long time. It's all about letting go.
lundi 11 mai 2009
Traduction et adaptation: les visages de la communication bilingue
Voici une réflexion que je fais depuis longtemps. Franco-Ontarienne originaire de Sudbury, en Ontario, je suis presque née bilingue. J'ai appris l'anglais à l'âge de cinq ans, sans aucun cours spécial: mon père disait "l'anglais, ça ne s'apprend pas, ça s'attrape". Je suis bien contente de la contagion, puisque je trouve très utile de connaître les deux langues officielles.
Récemment, j'ai traduit une lettre à l'intention de francophones s'intéressant à certains aspects de l'histoire canadienne. Deux des paragraphes invitaient les lecteurs à utiliser des ressources qui n'étaient disponibles qu'en anglais. J'ai signalé au client qu'il faudrait soit avertir les gens que la ressource était en anglais, soit couper les paragraphes. La solution idéale, bien sûr, c'est d'avoir les ressources en français... ça viendra peut-être.
Lorsque je rédige des articles, j'ai bien davantage de liberté lorsqu'il s'agit de choisir les renseignements que je vais utiliser. Cependant, en milieu francophone minoritaire, nous faisons face à un défi particulier: les gens connaissent davantage le mot anglais que le mot correct en français. Dites "expert en sinistre" et les gens n'ont rien compris. Expliquez qu'il s'agit d'un "adjuster" et tout est clair. Le problème, c'est que dans un journal de langue française, on ne peut quand même pas mettre des mots anglais entre parenthèses à chaque paragraphe. Ma solution idéale: expliquer le mot français. Évidemment, cela veut dire qu'il faut prendre l'espace requis, ce qui rallonge le texte.
Côté fiction et littérature, en français, je suis auteure d'un roman publié, d'un roman non publié, de plusieurs nouvelles, de douzaines de chroniques satiriques et d'un monologue théâtral. En anglais, cependant, je préfère écrire des nouvelles de science fiction, que je n'arrive tout simplement pas à créer en français. Je ne sais pas pourquoi. Cependant, je sais que lorsque j'ai traduit une trentaine de pages de mon premier roman, La Delphinée, je n'ai pas aimé le résultat - et pourtant, j'étais bien libre de l'adapter comme je l'entendais. En effet, j'ai effectué plusieurs changements, mais ça cloche... Donc, j'écris un roman en anglais, avec ma "personnalité anglo".
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