lundi 29 mars 2010

De la théorie à la réalité: les francophones toujours plus bilingues

La plupart de mes articles antérieurs ont porté sur les politiques et idéaux du bilinguisme, mais évidemment, il y a la question de la pratique. Tandis qu'on vient tout juste de célébrer la Journée internationale de la Francophonie, et même la Semaine y étant reliée, il est intéressant de jeter un coup d'oeil sur les chiffres... surtout qu'on est en pleine année de recensement. Qu'a donné le bilinguisme officiel au Canada? C'est-à-dire, plus précisément, qui est bilingue aujourd'hui?

Selon Statistiques Canada, en 2006, les Canadiens d'origine anglophone (ou s'identifiant comme tels) étaient toujours unilingues anglophones à 84,8 pour cent à l'extérieur du Québec, ce qui laissait 15,2 pour cent d'entre eux bilingues contre 90,6 pour cent de leurs contreparties d'origine francophone. Au Québec, la situation n'est pas tout à fait inversée : si, en effet, 90,4 pour cent des anglophones étaient bilingues en 2006, un total étonnant de 61,1 pour cent de la population d'origine francophone l'était également. C'est quatre fois le chiffre des anglophones non-québécois.

Le rapport de Statistiques Canada fait état de la proximité des provinces anglophones comme facteur de bilinguisme des Québécois francophones. Cependant, la proximité du Québec n'a pas forcément eu le même effet chez les Néo-Brunswickois ou les Ontariens. L'attrait de la culture américaine, et le statut de l'anglais comme langue internationale plus utilisée que le français (qui est au septième rang mondial, avec 200 millions d'utilisateurs contre un milliard et demi pour l'anglais, y compris ceux qui s'en servent comme langue seconde).

L'immersion a souvent été prônée comme outil de « bilinguisation ». Or, en effet, toujours selon ce rapport démographique, plus longtemps les élèves restent en immersion, plus ils parlent leur deuxième langue : 75 pour cent d'entre eux s'estiment bilingues après six ans ou plus. Il est vrai qu'un des défauts de l'étude est de se fier à l'auto-évaluation. D'ailleurs, le rapport fait état de cette difficulté. Cependant, les différents pourcentages de compétence perçue que produisent les différents niveaux d'immersion peuvent nous rassurer qu'il ne s'agit pas là d'une erreur fondamentale de jugement.

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