mardi 9 juin 2009

Doit-on accommoder les parents anglophones dans une école française?

C’est la saison des finissants, et donc, de la remise des diplômes et des discours de fin d’année. Ici à l’Île-du-Prince-Édouard, une des écoles françaises a fait face à une requête pour le moins insolite : de présenter la cérémonie de remise des diplômes en anglais autant qu’en français. La raison : quelques étudiants sont d’origine anglophone, et leurs parents ne parlent pas français. Il s’agit de l’école François-Buote, à Charlottetown.
La réaction de la Commission scolaire de langue française de l’Île-du-Prince-Édouard n’a pas été immédiate. Elle a voulu consulter ses règlements. À la fin, elle a consenti à un maximum de 20 pour cent d’anglais lors de la cérémonie, car une telle mesure était déjà prévue dans le cas d’autres présentations publiques à l’école.
La réaction de certains dans la communauté a été moins obligeante : une lettre à la rédaction rappelait tant aux étudiants qu’aux parents qu’il s’agissait d’une école française, que les élèves y avaient été envoyés pour parler le français, et que la raison d’être d’une école française est bel et bien de vivre en français, pour justement ne pas être bilingue, puisque cela s’est avéré la voie vers l’assimilation dans le passé.
Ceci étant dit, la situation des francophones en milieu minoritaire au Canada est toujours délicate. Elle l’est encore plus lorsque la minorité est très peu nombreuse. C’est bien le cas ici, à l’Île, où les francophones représentent 4,3% de la population totale (5 722 selon le recensement de 1996) et environ 12 000 personnes se disent bilingues, sur une population de 132 860. Les mariages mixtes entre francophones et anglophones sont la norme, et les apports additionnels que représentent les enfants anglophones dans les écoles françaises ne sont pas de refus, dans un contexte où une 12e année peut se composer dans certains cas d’un seul finissant, ou de deux ou trois élèves. C’est pourquoi on peut comprendre à quel point le conseil scolaire cherchait un compromis qui lui permettrait quand même de sauver la face.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire