lundi 11 mai 2009

Traduction et adaptation: les visages de la communication bilingue


Voici une réflexion que je fais depuis longtemps. Franco-Ontarienne originaire de Sudbury, en Ontario, je suis presque née bilingue. J'ai appris l'anglais à l'âge de cinq ans, sans aucun cours spécial: mon père disait "l'anglais, ça ne s'apprend pas, ça s'attrape". Je suis bien contente de la contagion, puisque je trouve très utile de connaître les deux langues officielles.

À titre de journaliste, j'ai dû traduire plusieurs fois des communiqués, messages, entrevues, citations, documents d'appui et discours officiels dans la langue de ma publication.  Comme traductrice, je dois composer avec des réalités qui ne se ressemblent pas toujours dans les deux univers.  Enfin, comme auteure, j'ai constaté que j'écris complètement différemment en anglais et en français.  Tout ça pour dire que deux langues, c'est deux mondes à part.

Récemment, j'ai traduit une lettre à l'intention de francophones s'intéressant à certains aspects de l'histoire canadienne.  Deux des paragraphes invitaient les lecteurs à utiliser des ressources qui n'étaient disponibles qu'en anglais. J'ai signalé au client qu'il faudrait soit avertir les gens que la ressource était en anglais, soit couper les paragraphes. La solution idéale, bien sûr, c'est d'avoir les ressources en français... ça viendra peut-être.

Lorsque je rédige des articles, j'ai bien davantage de liberté lorsqu'il s'agit de choisir les renseignements que je vais utiliser.  Cependant, en milieu francophone minoritaire, nous faisons face à un défi particulier: les gens connaissent davantage le mot anglais que le mot correct en français.  Dites "expert en sinistre" et les gens n'ont rien compris.  Expliquez qu'il s'agit d'un "adjuster" et tout est clair.  Le problème, c'est que dans un journal de langue française, on ne peut quand même pas mettre des mots anglais entre parenthèses à chaque paragraphe.  Ma solution idéale: expliquer le mot français. Évidemment, cela veut dire qu'il faut prendre l'espace requis, ce qui rallonge le texte.

Côté fiction et littérature, en français, je suis auteure d'un roman publié, d'un roman non publié, de plusieurs nouvelles, de douzaines de chroniques satiriques et d'un monologue théâtral. En anglais, cependant, je préfère écrire des nouvelles de science fiction, que je n'arrive tout simplement pas à créer en français. Je ne sais pas pourquoi. Cependant, je sais que lorsque j'ai traduit une trentaine de pages de mon premier roman, La Delphinée, je n'ai pas aimé le résultat - et pourtant, j'étais bien libre de l'adapter comme je l'entendais. En effet, j'ai effectué plusieurs changements, mais ça cloche... Donc, j'écris un roman en anglais, avec ma "personnalité anglo".


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