(Une discussion en français est ci-dessous, dans l'article précédent)
Bilingualism has been in the news again in Canada recently, this time with the issue of bilingual signs in Russell and in New Brunswick. Both these areas have significant French-speaking populations. They also have had anglophone backlash.
What's the big deal with bilingual signs, anyway? If it's a question of money, a tax break or subsidy program should fix that quickly for existing businesses. However, the issue raised most often by people who oppose compulsory bilingual signs is freedom of expression.
This angle never comes up in places like Chinatowns. Where I live now, most people are Chinese and South Asian. Their signs all have English translations on them. No one bothers measuring the size of the fonts in either language on the signs. So far, I haven't heard of any complaints on the part of business owners that they have to include English — even though the majority of their customers speak another language. Apparently, they do not feel oppressed by the bilingual nature of their signs. "Freedom of expression" simply doesn't come up.
In response to this argument, many will say "but of course you have to include English! It's the language here!" Yes it is, although it isn't the only one. And Canada is officially bilingual. So: bilingual signs in French and English, especially in those areas that have substantial numbers of both populations, reflect our national heritage.
Our two official languages in Canada reflect our history, if not always our present composition. It's a cultural issue, one of many possible ones. It makes us distinct from both our American neighbours and our British colonizers. Bilingual signs are part of being Canadian.
dimanche 15 août 2010
samedi 7 août 2010
Affichage: identité, menace ou détail?
Depuis quelque temps, deux endroits au Canada font l'objet de controverse en raison de leur politique d'affichage bilingue.
D'abord, le canton de Russell dans l'est ontarien a adopté en juin 2008 un arrêté municipal rendant obligatoire les deux langues officielles sur toute affiche extérieure. Dans ce cas-là, le propriétaire d'entreprise Jean-Serge Brisson s'est opposé à la démarche... parce qu'il veut garder son affichage unilingue francophone. En même temps, un francophobe appelé Howard Galganov a voulu empêcher le règlement pour la raison contraire, soit la "sauvegarde" de la libre expression en langue anglaise. Les deux opposants se sont retrouvés devant la Cour supérieure de l'Ontario en juin 2010. Pourtant, le même genre de règlement a été adopté sans séquelles par les municipalités avoisinantes de Clarence-Rockland, Casselman et La Nation, malgré qu'il est vrai que les partisans ont subi des menaces et des plaintes au préalable dans certains cas.
Entre-temps, le Front commun pour l'affichage bilingue (FCAB) milite au niveau municipal au Nouveau-Brunswick. La question soulève un tollé à Moncton, dont le tiers de la population parle français, parce qu'un groupe anglophone — «Canadians against forced bilinguism» (Les Canadiens opposés au bilinguisme forcé) — trouve l'idée une contrainte inacceptable sur la liberté d'expression. Un autre groupe, La Anglo Society, a presque réussi à faire flotter son drapeau à la mairie de Bathurst, ville composée à 52 pour cent de francophones. Le Nouveau-Brunswick est la seule au Canada qui soit officiellement bilingue et l'est depuis 1969; cependant, la victoire a été durement acquise. Au niveau municipal, seule la ville de Dieppe vient tout juste de faire passer, cet avril dernier, un règlement sur l'affichage commercial bilingue obligatoire — plus de 40 ans après le geste de la province. Campbellton a aussi étudié la possibilité.
Or, les passions que soulève l'affichage bilingue évoquent deux questions. D'abord, pourquoi le pour; ensuite, pourquoi le contre?
Les organismes qui prônent l'affichage bilingue obligatoire affirment que c'est un outil contre l'assimilation. Même Monique Métivier, la juge de la Cour suprême de l'Ontario qui devait décider de la question à Russell, a fourni cette explication à l'avocat de Galganov. Un article publié dans Le Devoir signale que l'affichage d'une langue est signe de sa vitalité. Du côté pratique, l'affichage en anglais seulement laisse entendre à la clientèle qu'il n'y aura pas, ou très peu, de service en français. Donc, l'affichage en français permettrait aux gens de vivre davantage en français et donc, de renforcer leur identité.
Pourquoi donc y a-t-il tant d'opposition à la chose de la part de certains anglophones? On parle de liberté d'expression: de quelle façon l'ajout d'une langue brime-t-elle l'expression de l'autre? Les commerçants y voient surtout une dépense et un effort de trop. Les militants ont d'autres préoccupations: ils s'inquiètent, apparemment, de perdre le contrôle, de se faire "imposer" le français et dicter leur conduite, de perdre des occasions d'emploi aux francophones qui sont plus souvent bilingues. Un tel argument, évidemment, ne tient pas compte du contraire, soit que les francophones sont obligés de parler l'anglais. Surtout, il ne tient pas compte du fait que de parler deux langues correctement "est une compétence acquise, et non quelque chose qui est tombé du ciel", comme l'explique l'éditorial de L'Étoile du 22 juillet 2010.
Pourtant, l'affichage bilingue a un autre rôle qu'on voit beaucoup moins au niveau régional: celui de faire valoir notre identité canadienne. Le bilinguisme fait partie de notre héritage national, même s'il n'en est pas la totalité dans le contexte de notre caractère multiculturel. Il va donc beaucoup plus loin que de servir une communauté ou l'autre. C'est pourquoi le français a sa place à Toronto, même si la population chinoise est bien plus nombreuse et prend aussi sa place.
À cet égard, pourquoi le gouvernement fédéral n'aurait-il pas de programmes spéciaux pour afficher le caractère bilingue de régions particulières partout au pays? Les municipalités ont toujours été les cousines pauvres des transfers et subventions fédérales. Il serait temps pour les différents paliers de gouvernement de bien percevoir leur intérêt commun en matière d'héritage culturel, à tous les niveaux.
D'abord, le canton de Russell dans l'est ontarien a adopté en juin 2008 un arrêté municipal rendant obligatoire les deux langues officielles sur toute affiche extérieure. Dans ce cas-là, le propriétaire d'entreprise Jean-Serge Brisson s'est opposé à la démarche... parce qu'il veut garder son affichage unilingue francophone. En même temps, un francophobe appelé Howard Galganov a voulu empêcher le règlement pour la raison contraire, soit la "sauvegarde" de la libre expression en langue anglaise. Les deux opposants se sont retrouvés devant la Cour supérieure de l'Ontario en juin 2010. Pourtant, le même genre de règlement a été adopté sans séquelles par les municipalités avoisinantes de Clarence-Rockland, Casselman et La Nation, malgré qu'il est vrai que les partisans ont subi des menaces et des plaintes au préalable dans certains cas.
Entre-temps, le Front commun pour l'affichage bilingue (FCAB) milite au niveau municipal au Nouveau-Brunswick. La question soulève un tollé à Moncton, dont le tiers de la population parle français, parce qu'un groupe anglophone — «Canadians against forced bilinguism» (Les Canadiens opposés au bilinguisme forcé) — trouve l'idée une contrainte inacceptable sur la liberté d'expression. Un autre groupe, La Anglo Society, a presque réussi à faire flotter son drapeau à la mairie de Bathurst, ville composée à 52 pour cent de francophones. Le Nouveau-Brunswick est la seule au Canada qui soit officiellement bilingue et l'est depuis 1969; cependant, la victoire a été durement acquise. Au niveau municipal, seule la ville de Dieppe vient tout juste de faire passer, cet avril dernier, un règlement sur l'affichage commercial bilingue obligatoire — plus de 40 ans après le geste de la province. Campbellton a aussi étudié la possibilité.
Or, les passions que soulève l'affichage bilingue évoquent deux questions. D'abord, pourquoi le pour; ensuite, pourquoi le contre?
Les organismes qui prônent l'affichage bilingue obligatoire affirment que c'est un outil contre l'assimilation. Même Monique Métivier, la juge de la Cour suprême de l'Ontario qui devait décider de la question à Russell, a fourni cette explication à l'avocat de Galganov. Un article publié dans Le Devoir signale que l'affichage d'une langue est signe de sa vitalité. Du côté pratique, l'affichage en anglais seulement laisse entendre à la clientèle qu'il n'y aura pas, ou très peu, de service en français. Donc, l'affichage en français permettrait aux gens de vivre davantage en français et donc, de renforcer leur identité.
Pourquoi donc y a-t-il tant d'opposition à la chose de la part de certains anglophones? On parle de liberté d'expression: de quelle façon l'ajout d'une langue brime-t-elle l'expression de l'autre? Les commerçants y voient surtout une dépense et un effort de trop. Les militants ont d'autres préoccupations: ils s'inquiètent, apparemment, de perdre le contrôle, de se faire "imposer" le français et dicter leur conduite, de perdre des occasions d'emploi aux francophones qui sont plus souvent bilingues. Un tel argument, évidemment, ne tient pas compte du contraire, soit que les francophones sont obligés de parler l'anglais. Surtout, il ne tient pas compte du fait que de parler deux langues correctement "est une compétence acquise, et non quelque chose qui est tombé du ciel", comme l'explique l'éditorial de L'Étoile du 22 juillet 2010.
Pourtant, l'affichage bilingue a un autre rôle qu'on voit beaucoup moins au niveau régional: celui de faire valoir notre identité canadienne. Le bilinguisme fait partie de notre héritage national, même s'il n'en est pas la totalité dans le contexte de notre caractère multiculturel. Il va donc beaucoup plus loin que de servir une communauté ou l'autre. C'est pourquoi le français a sa place à Toronto, même si la population chinoise est bien plus nombreuse et prend aussi sa place.
À cet égard, pourquoi le gouvernement fédéral n'aurait-il pas de programmes spéciaux pour afficher le caractère bilingue de régions particulières partout au pays? Les municipalités ont toujours été les cousines pauvres des transfers et subventions fédérales. Il serait temps pour les différents paliers de gouvernement de bien percevoir leur intérêt commun en matière d'héritage culturel, à tous les niveaux.
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