Qui dit bilinguisme dit aussi exclure certaines personnes en groupe mixte. Nous, les gens franco-ontariens, connaissons très bien ce phénomène lorsque nous sommes en majorité entre nous et il arrive une personne anglophone. Cette dernière s'attend à ce que tout le monde se mette à parler l'anglais. Parfois, elle s'indigne et se sent exclue s'il y a toujours des bribes de français dans l'air. Invariablement, cela cause des frictions et du ressentiment.
Hier, c'est le contraire qui s'est produit. J'assistais à un banquet francophone. Il y avait à notre table plusieurs Libanais qui se parlaient entre eux en arabe. Une francophone est venue nous parler et s'est exclamée: «Il ne faut pas parler l'arabe ici. Ce n'est pas poli!»
Contradiction? Il me semble. Contradiction, à plusieurs niveaux. D'abord, parce que de plus en plus, notre francophonie ici au Canada est une mosaïque de gens qui viennent de pays où on parle plusieurs langues. Ensuite, parce que ces pays ne seraient pas francophones s'ils n'avaient pas été colonisés, donc victimes d'impérialisme. Enfin, nous faisons ici des pieds et des mains pour inviter une population immigrante qui parle français, tout en nous targuant de privilégier le fait bilingue au Canada.
À mon avis, il n'est pas indiqué d'empêcher les gens de se parler entre eux, comme nous-même le faisons. Si nous invitons les gens à notre table, il faut bien les laisser vivre.
mercredi 28 avril 2010
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